lundi 13 octobre 2008

Apprendre à vivre pendant la crise

Tu es chaud comme un célibataire de 30 ans qui va s'encanailler au River's Bar, participe à l'update musicale, observe les regards, garde le sourire, ton doigt fait monter l'intensité rythmique, frigorifie tes pieds un samedi matin, cinq degré à l'ombre, vingt au soleil, la poussière de vinyle sur tes doigts, ils deviennent collants progressivement, écrase les noix machinalement, mange les encore, c'est le mouvement perpétuel, tu me fais du bien, fais moi encore du bien, encore dit Maya, mais encore quoi? et quoi encore? les marx brothers? ou Tod Browning's Freaks? on n'est plus habitué à ce rythme d'image, on s'ennuie alors parfois, et l'histoire est simple, les personnages tordus et sympathiques, t'as perdu tes tympans hier soir, c'est une charge régulière, la charge émotionnelle de cette phrase "save the last dance for me" est-elle maîtrisée? trois prises sous Bowmore et puis la traversée en vélo, samedi soir franciscain, qui s'achève par une note écossaise dans la flasque d'Arthur la pipelette, un verre d'eau s'il vous plait, mon bras droit ne suit plus, les musiciens debout s'approchent de moi, j'agonise à 145bpm, ils me soutiennent alors je tiens le coup, fais voler une baguette, Arthur se baisse, la ramasse et me la temps, il ne faut surtout pas lacher le rythme, t'entends?, surtout pas, une autre baguette lache et c'est Jeje qui la pousse du pied pendant qu'Arthur appuie la mélodie, je me sens comme un animal mourrant à cinq heures du matin soutenu par sa meute, il ne veulent pas que j'y passe donc je m'accroche, je donne tout ce que j'ai, et le lendemain matin, je récupère un couple de jeune mariés sur le perron de ma porte, ils m'ont réveillé et c'est tant mieux, ils recherchent un toit dans la capitale, la vie de bohême, ça y est, ce n'est plus frais, ça devient pesant, je n'ai qu'un' chose à dire, vive la crise, la crise on l'a à l'intérieur de nous, puisqu'aucune révolution ne peut exister plus de cinq secondes avant d'être récupéré par des exploitants, que cette crise soit belle, qu'on casse, qu'on détruise ce qui ne va pas, moi ça ne m'empêchera pas d'aller chercher mes pommes et de me les cuire le matin avec du sucre et du beurre et de les glisser dans une crêpe par la suite, ça ne m'empêchera pas de m'éclater la gueule au radis noir piquant, ça ne m'empêchera pas de rapporter les tasses de café sur le comptoir, ni de me faire offrir un repas parce que j'ai été joyeux et serviable, il est six heures du matin, un cri dans la nuit, on ouvre la fenêtre, nos visages gonflés par le sommeil voient la lumière s'alumer dans l'immeuble d'en face, une fille passe, baisse sa culotte devant nous et la remonte, on ferme la fenêtre, on s'embrasse longuement et on se rendort, des fois, faut pas chercher midi à six heures du matin, itsi bitsi bikini, deux heures trente et c'est déjà fini, c'est le dernier morceau, ok ok promis, mais non tu rigoles, on vient à peine de commencer...Nous avons eu un bon dimanche, sous vos applaudissements.

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