mardi 9 novembre 2010

une histoire de confiance (2)

On te confie une nouvelle tâche. Elle va t’amener à voyager beaucoup. Tu vois ça d’un bon œil, car c’est un peu ce que tu cherche comme mode de vie. Tu commence à collaborer à distance avec des personnes importantes. On te fais venir souvent, tu expliques ton travail, tu apportes des solutions à leurs problèmes. Cependant, au bout de quelques mois de travail avec eux, tu t’aperçois que rien n’avance, ou plutôt que tout recule. Les collaborateurs étrangers sont très heureux que tu passe les aider, ils se montrent ouverts et réceptifs à tes conseils. Après ton dernier retour, tes contacts se font de plus en plus rarement, tu ne retourneras plus travailler chez eux. Tu constate une énorme différence entre les rapports à distance et en face à face. Tu imagines alors que cette collaboration n’est qu’en surface, pour nous occuper. Ce n’est évidemment pas ça. Un jour pourtant, on te propose d’aller travailler là bas pendant quelques mois. La communication à distance étant très difficile à entretenir, on décide de te démobiliser là bas. Conscient du fondement de cette volonté de la part de tes supérieurs, tu échafaude un plan qui te permettra de rester et de continuer à travailler efficacement. Tu es déçu, car ce plan est à peine considéré. Personne ne te répondra, personne ne te prouvera que ce plan n’est pas bon. Tu réalise qu’on ne cherche pas vraiment à comprendre la situation et qu’on préfère résoudre le soi disant problème de communication en t’envoyant là bas. Ce refus de partir est mal pris. Tu t’en étonnes, car au fond, on ne t’a jamais vraiment expliqué pourquoi on t’envoyait là bas. A bien chercher, tu es certain de ne jamais avoir reçu d’ordre de mission. Les collaborateurs sont évalués tous les ans par leurs supérieurs et cette fois, ton bilan est très mauvais. La liste des reproches est longue. Tu décide de te défendre et de revoir chaque point. Malheureusement, il est impossible de rencontrer et de discuter avec la personne qui a souligné ces manquements. On t’accuse d’avoir fais échouer la collaboration avec les collègues étrangers. Cela te met en rage, pour la première fois depuis le début de ta carrière. Tu as bien tout essayé avec les étrangers, mais ils n’étaient pas prêts à collaborer. Ils ne savaient pas où ils allaient. Tu es très amer suite à cet évènement. Tu es plus gêné par l’absence totale de discussion que par l’évènement en lui-même. Tu décris cet évènement autour de toi comme une injustice. Tu es très déçu et tu commence à douter de ta position et du bon fondement de l’organisation du groupe. Cela ne te quittera plus jusqu’à ton départ. Cela va empirer même. Le groupe est au minimum de son effectif depuis quelques mois. Le lieu de travail est devenu très silencieux. Suite à cette collaboration avec l’étranger, on te confie quelques tâches minimes que tu accompli sans trop d’inspiration. Beaucoup de travaux sont demandés, et pratiquement tous sont abandonnés en cours de route. Parfois, il t’arrive de terminer une tâche et de n’avoir absolument aucun retour. Tu t’amuse à penser que tout ça est monté pour nous occuper. Mais ce n’est évidemment pas le cas. Tes voisins de bureaux sont un peu tristes en ce moment. Tout le monde donne l’impression de tourner en rond en silence. Tu aperçois quelques discussions derrière les vitres, des discussions qui ont l’air importantes, mais tu n’en sauras jamais la teneur. Pendant de long mois, le groupe est en errance. Le groupe rétrécit encore un peu. Dans les nouveaux locaux, il y a maintenant beaucoup d’espace entre les bureaux. Un projet est lancé et c’est le grand réveil. Tu espère que ce projet, celui là, aboutira. Pas comme tous les projets sur lesquels tu travailles depuis un an. Ta motivation reprend très rapidement. Tu es au cœur de ta spécialité et tu fais un plaisir de chiader ton travail. Tu te surpasse réellement, tellement, qu’une demie douzaine de personnes suivent tes directions. Malheureusement, après avoir été achevé et présenté, ce projet est abandonné. Pendant de long mois, on ne va plus rien te demander officiellement. Le groupe n’est plus organisé. Les éléments sont dispersés. Tu te rapproche d’un groupe de travail. On ne t’a rien demandé officiellement, mais tu décides de les rejoindre. Tu as bien changé depuis le premier jour. Tu cherches maintenant à te faire plaisir, tu évites les tâches ingrates. Malheureusement, elles sont nombreuses. Tu réussi néanmoins à travailler efficacement et tu confie en « sous marin » des solutions à tes collègues. Ces derniers apprécient tes recherches, ils les utilisent. (à suivre)

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