mercredi 10 novembre 2010
une histoire de confiance (1)
Tu entre un jour dans un groupe, une organisation humaine, ils sont nombreux, très nombreux, ils sont presque trois milles, mais tu n'en vois que soixante dix. On te présente, tu n'arrives pas à mémoriser tous les prénoms, mais ce n'est pas grave. Plus tard, tu ne te souviendras que d'une ou deux personnes que tu as trouvé remarquables. On te montre ton siège, tu t'assois et deux ou trois personnes viennent t'expliquer des choses, ces choses mêmes que tu devras accomplir avec maîtrise très prochainement. On te laisse là, à ta tache, tu es dans l'euphorie de la découverte. Tu es frais, très frais. Tu fais beaucoup d'erreurs, mais ce n'est pas grave, tu es jeune, on te pardonnera. Tu fais tes premiers essais, ceux qui te semblent bon, tu es tellement toi même et ça se voit dans le résultat. Le choc d'un homme et de l'organisation est apprécié mais partiellement, on te demande de te rabattre plus sur l'essentiel de ce qui t'es demandé. Tu es d'accord, tu veux prouver que tu es capable de t'adapter. Alors, tu te creuse la tête pour arriver à contenter la demande. A côté de toi, d'autres personnes débutent, leur profil est différent du tiens, mais ensemble nous serons plus tard tous performants à notre manière. Tes essais sont de plus en plus concluants, tu as montré ton talent d'adaptation en promouvant tes capacités, maintenant il est temps de passer aux choses sérieuses. Viens alors la première demande officielle, et cela, sans filet. Tu es rentré maintenant dans le vif du sujet, tu viens d'obtenir ton premier projet. Tu es fier de toi, tu t'es prouvé que tu étais apte à travailler pour l'organisation dans laquelle cela te disait bien de travailler il y a quelques semaines. Tu es ce qu'on appelle la bonne personne au bon endroit au bon moment. Tu es très appliqué, à la limite du zèle, tu apprends encore en même temps que tu crée ce qu'on ta demandé. On te renvoi une image positive, tu as trouvé ta place dans le collectif et on te donne des sobriquets flatteurs. Quand tu rentre le soir chez toi, tu as le sentiment d'avoir accompli ta journée et cela te rend heureux car cela ne t'était pratiquement jamais arrivé avant. Tu te pose moins de questions, du moins toutes celles qui te hantaient par le passé. Tu es persuadé d'avancer, en ce groupe, par ce groupe. Le temps passe très vite, et tu arrive à la fin du projet. Ton bilan est très positif, mais on te reproche tout de même une faute qui te semblait inoffensive, en y réfléchissant bien, tu trouve finalement que c'est une erreur de jeunesse professionnelle. On te le reproche quand même. Bien, passons. Te voilà maintenant au cœur de l'organisation, tu commences à comprendre comment tout cela fonctionne, à l'opposé, tu ne saisi pas l'origine de certains blocage. Tu t'étonne de la sur importance de certaines personnes par rapport à d'autres, tu balai de ta vue les collègues blasés, car de toute façon, tu ne seras jamais comme eux. Tu ne préfère pas les écouter, préférant leur présence dans les moments en dehors du travail. Viennent alors les premiers objectifs personnels à atteindre. Tu travailles bien, cela est reconnu, mais il va falloir donner davantage mon petit bonhomme. C'est une douce mise en garde, tu entrevois l'avenir de tes efforts. Un sprint de quelques mois ne suffit pas. Il va falloir être endurant. Le deuxième projet est déjà là. On te confie davantage de responsabilités. Officieusement. Car ton grade est toujours le même. Et quand bien même, il n'existe pas de grades ici, te dit on. Fort et fier de cette nouvelle tache, celle là, plus grande, tu développe tes compétences au sein du groupe, avec toujours la même application. De fortes têtes se font évincer du groupe. C'est vrai, elles ne répondaient plus à la demande. Tu trouve cela vache, mais au final bénéfique pour les deux parties. Ils étaient très compétents pourtant. Bon, passons. Tu découvre davantage d'esprits blasés. Tu n'en soupçonnais pas autant. Ils sont bien vingt pour cent de l'effectif. Tu es triste pour eux, un peu. Quelque chose les retient ici. Le projet touche à sa fin. Tu es content de ton travail, mais tu n'es pas très content du résultat global. Si cela ne tenait qu'à toi, tu aurais plutôt fait comme ci ou comme ça. Tu trouve que certaines personnes ne devraient pas avoir autant de responsabilités. A ton échelle, tu as pu observer des défauts dans le processus de fabrication et les faire remonter. Tes observations sont juste, ou du moins, elles se recoupent avec d'autres observation de la même teneur. Cependant, ce qui aurait pu être évité ne l'a au final pas été. Un jour tu atteins le nirvana professionnel, car les très hautes instances ont remarqué que ta solution était la meilleure, celle qui pouvait sauver le projet. Tu reviens le lendemain de la nouvelle et tu t'étonnes de ne pas avoir le moindre merci, la moindre petite tape sur l'épaule pour saluer la qualité de ton travail. Tu apprendras un peu plus tard que les lauriers sont attribués collectivement et que les blâmes sont personnels. Dans ce deuxième opus, tu ressens une légère lassitude, très vite évincée par ta conscience professionnelle. On ne fait pas tout le temps ce qu'on aime mon garçon. Tu décide alors de combler ce vide en promouvant ailleurs tes talents. Une ou deux opportunités extérieures te donnent raison. Tu es plus que jamais, at this very moment, la bonne personne au bon endroit au bon moment. Ton talent appliqué à ta profession te fais voyager, te fais publier, tu es écouté, plébiscité, salué pour ton travail. A ton retour, beaucoup de choses ont changé. La tête de l'organisation a changé. Une nouvelle politique, de nouvelles personnes, toujours les mêmes blasés. La suite reste prometteuse...(à suivre)
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